La résilience

Après la sidération de l’annonce du confinement mi-mars, nous nous sommes petit à petit installés dans de nouveaux espaces de temps et de lieu, cherchant à nous adapter individuellement et collectivement à la situation.

Les stratégies que nous avons mis en place nous ont permis de développer notre capacité de résistance et de résilience.

Qu’est-ce que la résilience ?
Selon le Larousse « C’est la caractéristique mécanique définissant la résistance aux chocs d’un matériau. (La résilience des métaux, qui varie avec la température, est déterminée en provoquant la rupture par choc d’une éprouvette normalisée.) ». En psychologie, c’est « l’aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques ».

Selon Serge Tisseron, psychiatre et Docteur en psychologie, la crise sanitaire que nous vivons peut être assimilée à une catastrophe qui nous renvoie à notre vulnérabilité et crée un traumatisme.
Nous ne réagissons pas tous de la même façon à la situation selon que nous sommes seuls ou pas, confinés à plusieurs dans un petit appartement en ville ou à la campagne, etc. Nous ne sommes pas tous résilients de la même manière.

Ce confinement crée de l’angoisse (la peur d’être contaminé), une charge mentale importante (gérer le télétravail ou l’incertitude du chômage partiel et les devoirs des enfants) et une perte de lien social (perte des contacts et des rencontres qui nous raccrochent à une communauté).

Dans le processus de résilience, recréer des liens sociaux est une étape essentielle. Elle permet de faire face ensemble. Cela nous ancre dans le présent et c’est important pour reprendre confiance dans l’avenir.

Ainsi Serge Tisseron rappelle qu’applaudir les soignants le soir, c’est important pour les grands mais aussi pour les enfants qui vivent un moment positif consacré à témoigner de la confiance dans le corps médical.
Il est intéressant de voir comment le numérique recrée ces lieux de solidarité et de partage : visio apéro, groupes whatsapp.
Vous avez certainement vu la vidéo du ballet de l’Opéra de Paris ou la symphonie confinée (liens en fin d’article). Ce sont autant d’illustrations de ces liens sociaux qui ont été recrées malgré l’éloignement, de cette nouvelle solidarité qui s’est exprimée.

Serge Tisseron explique également que ces liens sociaux créés au fil du temps par des événements collectifs qui ont rapproché les gens peuvent avoir un impact majeur en cas de catastrophe. En quelque sorte, ils nous préparent à y faire face. Ainsi au Japon lors du tsunami, les villages où existaient ces liens sociaux ont enregistré moins de victimes que ceux où ils n’existaient pas.

Ces liens sociaux sont donc essentiels pour notre résilience individuelle mais qu’en est-il des entreprises ?

Le confinement a éloigné chacun de ses collègues, certains sont en activité, voir en sur-activité et d’autres au chômage partiel. Comment garder le lien et se retrouver ? Une fois de plus au sein de l’entreprise, tout le monde n’aura pas vécu la situation de la même façon.

Comme le rappelle Boris Cyrulnik, Neuropsychiatre et conférencier dans une interview à Courrier Cadres du 20 avril, « En effet, pour tendre vers la résilience et renaître après une crise, une entreprise doit créer un nouveau schéma de développement. Pour cela, il faut que les collaborateurs eux-mêmes entrent dans le processus de résilience. Il appartient donc aux managers, mais aussi aux RH, de soutenir les salariés pendant cette épreuve et au-delà. Ils doivent pouvoir se sentir soutenus, afin de résister à cette situation difficile, et d’accepter ensuite de prendre un nouveau départ. Il s’agit d’organiser des réunions d’explication, des discussions pour faire en sorte que les collaborateurs ne se sentent pas seuls et puissent mettre des mots sur leur traumatisme, voire leur souffrance ».

Dans une période post-confinement de resocialisation mais toujours de distanciation, il va falloir recréer les communautés de personnes qui travaillent ensemble, permettre à chacun de retrouver sa place dans le groupe et de réapprendre le contact.

Article de référence :
http://courriercadres.com/management/conduite-du-changement/boris-cyrulnik-apres-la-crise-du-coronavirus-la-culture-de-la-performance-sera-critiquee-20042020

Vidéos :
https://www.youtube.com/watch?v=rEjvRktXeis

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