ET SI ON CHANGEAIT L’ECOLE?

La crise sanitaire a accéléré les changements et révélé des failles dans notre système scolaire.

Notre école souffre de multiples maux. Chaque classement PISA démontre à quel point la France se fait distancer par un système très inégalitaire selon les milieux sociaux et le genre. Nous ne savons pas donner confiance aux élèves, valeur essentielle pour apprendre à s’adapter. 31% des petits Français se sentent  » comme étrangers à l’école ».

Comment préparer les enfants d’aujourd’hui à devenir des adultes, citoyens du monde de demain incertain?

La conférence organisée par Franceinfo et WE DEMAIN, du 24 septembre 2020, a permis de mettre en avant quelques unes des nombreuses initiatives et expérimentations qui se multiplient partout en France. De nombreux enseignants, témoins de l’inadaptation du système éducatif à de plus en plus d’enfants, se questionnent sur leur rôle et cherchent de nouvelles voies.

1/ LE NUMERIQUE comme une ressource supplémentaire au service des élèves et des professeurs

Autant le numérique récréatif est déjà très installé dans le quotidien des adolescents, avec des effets souvent négatifs, autant beaucoup reste à faire sur le numérique éducatif. Il doit s’inscrire comme un outil de continuité pédagogique sans jamais remplacer l’enseignant.
La récente crise sanitaire a montré à quel point notre système n’était pas prêt à exploiter les ressources du numérique au service de l’enseignement. Le sujet ne se limite pas à équiper les établissements en matériel. Pour former ces jeunes citoyens au numérique de demain, il faut commencer par écouter les enseignants et coconstruire avec eux les solutions adaptées.
Ainsi certains professeurs ont, sur leur temps libre, développé des solutions numériques complémentaires à leurs cours pour accompagner leurs élèves. C’est le cas de Sophie Guichard qui propose des cours de math en vidéo sur youtube et a lancé la plateforme mathenvideo pour apprendre et comprendre les maths de façon ludique.
https://www.mathenvideo.fr/

2/ LES PEDAGOGIES ALTERNATIVES pour développer l’estime de soi

De plus en plus de parents recherchent une approche pédagogique personnalisée qui s’adapte à chaque enfant. Avancer à son rythme, identifier les centres d’intérêt, encourager et valoriser. C’est ce que fait Christian Maréchal, professeur des écoles, éducateur et formateur Montessori à Roubaix. « J’observe l’enfant, je vois ses centres d’intérêts et je lui montre une activité en fonction de ce que j’ai observé. L’adulte a tendance à agir trop vite et à imposer sa façon de faire à l’enfant. Il suffit d’attendre et de le laisser travailler. Ainsi l’enfant crée par lui-même ».
Apprendre à l’enfant à faire tout seul, est au cœur de la méthode qui apporte autant au petit qu’à l’enseignant. Comme le disait Maria Montesori  » Nous n’élevons pas les enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands ».
Expérimenter, coopérer, communiquer sont autant de compétences qui permettent à l’enfant d’avancer et gagner en confiance.

https://www.revue-acropolis.fr/testimonial/christian-marechal-la-pedagogie-montessori-developper-les-potentiels-de-lenfant/

3/ APPRENDRE PAR LE JEU

Albert Einstein disait  » Le jeu est la forme la plus élevée de la recherche ». Des enseignants ont choisi de proposer à leurs élèves des jeux d’évasion pédagogiques (« Escape Game »).
Chaque jeu permet de travailler des connaissances liées à un thème et des compétences (collaboration, coopération, relation, communication, etc). L’aspect ludique crée une relation différente entre les élèves et les enseignants. L’attention est captée par l’activité dynamique. Les plus réservés ont un nouvel espace d’expression hors du cadre habituel qui leur permet souvent de prendre confiance et trouver leur place.

Christelle Quesne, Professeure d’anglais dans un collège de l’académie de Rouen est conceptrice de jeux d’évasion pédagogiques et a lancé le site :
https://www.cquesne-escapegame.com/, ressource et espace de partage pour de nombreux enseignants.

4/ LEARNING BY DOING pour être acteur de son apprentissage

Dans la continuité de l’Escape Game, Ange Ansour et François Tadéi ont lancé les Savanturiers. Cette école de la recherche est un programme éducatif qui promeut l’éducation par la recherche, aux niveaux national et international, en proposant projets pédagogiques, formations ainsi que ressources et méthodologies scientifiques.

Un projet, qui fait le lien avec le programme scolaire et les compétences à acquérir est proposé aux enfants. Par la mise en situation concrète en groupe, les enfants questionnent, s’informent, raisonnent, collaborent, arbitrent, décident et réalisent. Etre acteurs de leur apprentissage permet de préparer ces jeunes aux enjeux du monde de demain..


https://les-savanturiers.cri-paris.org/a-propos/presentation/

5/ CLASSE MUTUELLE ET CLASSE INVERSEE, un nouveau paradigme

Ces approches changent la relation entre l’enseignant et ses élèves. La classe mutuelle rend le jeune acteur de ses connaissance puisque c’est lui qui partage son savoir avec le reste de la classe. L’élève change de posture et l’enseignant également puisqu’il est assis avec le reste du groupe.

Dans le cas de la classe inversée, l’objectif est de mettre du sens dans la rencontre pédagogique entre l’enseignant et les élèves. Le temps passé ensemble est consacré la mise en pratique des connaissances qui auront été abordées en amont à la maison. Le cours est préparé sur la base des indications fournies par le professeur. L’élève ne passe plus son temps à recopier la leçon en cours et faire seul les exercices à la maison.

Dans les deux cas, le rapport sachant/apprenant change pour rendre la pédagogie plus active.

6/ L’ECOLE DU DEHORS ou la pédagogie par la nature

4 enfants sur 10 ne jouent jamais dehors la semaine.
Nos enfants sont coupés de la nature. Or l’espace extérieur est riche d’opportunités pour les enseignants et les enfants. Il permet de découvrir et acquérir des connaissance sur la faune et la flore. Les enfants peuvent aussi réaliser un projet et naturellement coopérer, raisonner, construire, etc… plus qu’ils ne le feraient dans une classe.
L’école en pleine nature est développée au Danemark et commence à être expérimentée en France, comme par exemple en Bourgogne. Après des petites classes, l’expérimentation va être étendue au collège.
http://www.terra-symbiosis.org/projets/graine-bourgogne-franche-comte-ecole-du-dehors

7/ LES NEUROSCIENCES POUR CHANGER L’ECOLE?

Les progrès en neuroscience permettent de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau et ont révélé sa plasticité. Notre cerveau est avide de stimulations. Elles le font évoluer tout au long d’une journée. C’est une découverte importante qui démontre que dès les premières heures et tout au long de sa vie, l’être humain a besoin d’être stimulé.
La plasticité du cerveau marque la fin du déterminisme et du fatalisme.
Comprendre son fonctionnement ne fait pas tout. Il faut définir au service de quoi ces stimuli doivent s’opérer, pour développer quelles compétences?

L’école est entrain de changer. Certes, il reste beaucoup à faire. Mais partout en France, des enseignants se questionnent, se mobilisent, partagent et explorent de nouvelles voies. Ils sont conscients et concernés par l’importance du CARE: Prendre soin de soi, des autres, de la planète.

La récente crise sanitaire a été l’opportunité de mettre en place de nouvelles coopérations entre les enseignants, avec les élèves et les parents. Elle a aussi été révélatrice de la rigidité du système éducatif descendant insuffisamment à l’écoute du corps professoral et des élèves.

Comment toutes les parties-prenantes peuvent-elles coconstruire l’école de demain pour préparer les enfants à être les citoyens de leur quartier, de leur ville, de leur pays, du monde?

On parle beaucoup de la transformation des entreprises, comment l’école elle aussi se transforme? Quelles inspirations et partages d’expérience imaginer?