Quand l’Amiral Olivier Lajous porte son regard sur la crise actuelle…

Nous avons tous été frappés par les mots employés par le Président de la République lors de son allocution de mi-mars. Le mot guerre prononcé à plusieurs reprises nous a saisi. Certains ont jugé qu’il était inapproprié, de quel ennemi parle-t-on ?

D’autres pensent qu’il est juste. C’est notamment le cas de l’Amiral Olivier Lajous que j’ai eu la chance d’écouter lors d’un webinar. Il a partagé sa vision de la crise actuelle à travers son regard de militaire.

Il explique que la guerre est définie par trois caractéristiques :
1/ Provoquer un déferlement d’ennemis. Dans notre cas, c’est le covid-19.
2/ Entraîner un dérèglement de la société. C’est le confinement et ses conséquences.
3/ Créer des divergences de regards et d’opinions qui génèrent angoisse et inquiétude.

Face à une telle situation, dans la marine il faut se mettre à la cape. Mettre le bateau face au vent permet de tenir le temps de la survie. C’est ce que les entreprises font actuellement pour sécuriser leur trésorerie, leur activité et leurs équipes.

Pour avoir lui-même vécu des moments de tension en intervention, il raconte comment il a adapté son comportement :

naviguer à vue : C’est s’adapter aux nouvelles informations et données au fur et à mesure qu’elles sont connues sur le virus. Accepter et gérer cette incertitude.
se concentrer sur sa mission : Chacun doit être concentré sur ce qu’il a à faire car c’est une chaîne dans laquelle chaque maillon compte. C’est le cas pour la chaîne médicale, alimentaire, éducative, etc… qui se sont mises en place.
partager et échanger avec les gens pour aller chercher des solutions et tous les possibles : C’est la solidarité autour de la fabrication des masques et de gel hydro-alcoolique par des acteurs industriels dont ce n’est pas le métier. L’ingéniosité qui transforme un masque de plongée en matériel respiratoire pour les services de réanimation. Les Makers qui se mobilisent pour fabriqués des visières avec leur imprimante 3D, etc…

En parallèle, il faut agir sur trois niveaux :
Tactique : agir ici et maintenant
Opérationnel : coordonner les actions
Stratégique : penser et préparer l’Après.

Cet « Après », c’est selon lui préparer l’humain qui avec toutes ses émotions est au cœur de cette guerre. Comment en sortir vivant pour apprendre dans le monde d’Après à vivre avec le covid-19 ?

Après avoir surmonté la situation et être reparti, il faut en tirer toutes les leçons.
Nelson Mandela disait « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends ».
Il est important d’inscrire les actions qui découlent de ces enseignements dans le temps, d’avancer en agilité en mode test &learn, d’en mesurer les avancées en célébrant les victoires.
En effet, il faut remobiliser sur du positif pour recréer une dynamique vertueuse

Sur un bateau, l’Amiral doit faire confiance à son équipage. C’est le pari d’une relation réussie qui met chacun en responsabilité. Partager le pouvoir, c’est une force qui permet de préparer la relève et faire face à toutes les situations.

Par analogie, il pose qu’il faut repenser nos gouvernances pour qu’elles soient partagées autour d’une vision commune. Chacun agit localement en direction d’un même cap. En équipage, chacun compte et on gagne ensemble.

Comment repenser les modes de collaborations au sein des entreprises, des administrations et dans la société ? Comment trouver le bon équilibre, comme il le dit, entre JE et NOUS ? Comment capitaliser sur l’intelligence collective « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », proverbe africain ?

Cela me fait penser à Jean-François Zobrist, Directeur Général de FAVI qui disait lors d’une conférence que « la bienveillance engendre la confiance qui engendre la performance »… A méditer…

Pour en savoir plus sur l’Amiral Olivier Lajous:
https://portail-ie.fr/short/1891/lamiral-olivier-lajous-nomme-a-la-presidence-de-bpi-group

RSE et relance économique, est-ce antinomique ?

Alors qu’une partie des entreprises se préparent à redémarrer à partir du 11 mai et se sont même d’ores et déjà adaptées pour relancer doucement leur activité, que faut-il penser de la demande de moratoire du MEDEF pour repousser les réformes énergie-climat, mobilité, lutte contre le gaspillage et économie circulaire?

Cette position ne fait pas l’unanimité.
Ainsi de grands patrons (L’Oréal, Suez, Saint-Gobain, Danone, Véolia, Schneider Electric, Renault et Engie) ont rejoint l’appel lancé le 14 avril par l’euro député Pascal Canfin pour une relance verte.
Ils ont été suivis par 20 000 chefs d’entreprise qui ont pris la parole dans la Tribune le 27 avril : » Nous n’acceptons pas l’argument de la RSE comme un possible frein à la reprise des entreprises. Tout prouve le contraire. Elle est un formidable levier d’innovations, de coopération, d’emplois ».

Quelle est la voix et la représentativité de ces dirigeants qui veulent agir au sein des fédérations patronales ? Quelle voix est donnée aux parties-prenantes à commencer par les collaborateurs eux-mêmes?

Articles de référence:

https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/emissions-de-co2-invendus-alimentaires-energie-le-medef-demande-de-multiples-moratoires-sur-les-lois-environnementales-pour-sortir-de-la-crise-148482.html?utm_source=Abonn%C3%A9s+Novethic&utm_campaign=89a09aa06a-Recap_2020_04_24&utm_medium=email&utm_term=0_2876b612e6-89a09aa06a-171545162

https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/la-sortie-de-crise-ne-se-fera-pas-au-detriment-de-la-transition-ecologique-et-de-la-justice-sociale-nous-sommes-prets-a-nous-transformer-846264.html


Que faut-il penser de la collapsologie ou théorie de l’effondrement ??

Il ne faut pas nier les faits.
L’état de notre planète se dégrade. 60% du vivant perdu en 40 ans, depuis l’après-guerre la population mondiale a été multipliée par 4 et notre consommation de viande par 8.

Ce ne sont que quelques-uns des chiffres souvent avancés par le mouvement des collapsologues, ceux qui pensent que nous avons franchi la ligne rouge et que l’effondrement de notre monde est inéluctable. Parmi ceux qui tiennent ce discours,  je vous invite à écouter ci-dessous les propos d’Aurélien Barrau, Astrophycisien et également professeur à l’université de Grenoble-Alpes.
https://www.youtube.com/watch?v=RFYMy1JQmCU

Comme l’explique Régis Meyran dans Alternative Economique du 7 janvier 2019 : » les collapsologues diagnostiquent un ensemble de crises systémiques interconnectées et globales (environnementale, énergétique, climatique, géopolitique, économique et financière, sociale, culturelle, politique, démocratique…) qui mèneraient inéluctablement, au plus tard en 2030, à l’effondrement de la civilisation mondiale thermo-industrielle et capitaliste ».

https://www.alternatives-economiques.fr/theories-de-leffondrement-solides/00087553?utm_campaign=mensuelle&utm_medium=email&utm_source=emailing&utm_content=20200422

Ce qui est certain c’est que l’atteinte à la biodiversité a des conséquences en chaîne sur nos sociétés et nos modes de vie qui en sont à l’origine. Il est vrai que depuis le club de Rome en 1972, beaucoup d’études, de scientifiques, de citoyens, d’ONG et certains politiques ont tenté de mobiliser les populations, les états et les consciences sur ce sujet.

Mais remettons-nous dans le contexte. En 1972, cela fait un peu plus de 25 ans que la seconde guerre mondiale qui a fortement touché les pays occidentaux est terminée. Les peuples ont enfin reconstruit leur maison, leur outil de production et retrouvé leur liberté. Les générations qui ont vécu cette guerre et parfois celle d’avant n’aspirent qu’au progrès social. D’autres pays regardent cela de loin, privés de cette liberté et de ce progrès. Ils ne rêvent que d’une chose : que leur tour arrive vite !

Alors oui pendant toutes ces années, notre cœur a chaviré pour ce mode de vie « occidentalisé », référence de la modernité pendant que notre raison petit à petit a pris conscience que tout cela avait un prix.

Les collapsologues qui alertent sur la fin prochaine de notre monde, prônent un discours très radical. Il faut peut-être les considérer comme des lanceurs d’alerte pour nous inciter à agir.
Toutefois, cet effondrement inéluctable annoncé peut avoir un effet inverse. Il peut faire peur et nous tétaniser. Il peut nous amener à nous dire que perdu pour perdu… Il peut aussi nous pousser à être dans le déni tellement les chiffres nous semblent incroyables….

A mon sens ce qui est important, c’est que ces faits nous incitent à agir encore plus.  Submergés par l’émotion et l’inquiétude de cette crise sanitaire, nous avons déjà oublié les marches pour le climat qui ont mobilisé à travers le monde des millions de personnes de toutes générations, les initiatives qui existent déjà et nous aident à changer nos comportements : s’approvisionner localement, louer plutôt que posséder, recycler et réparer, acheter d’occasion, éco concevoir des produits, faire soi-même,  etc…
Toutes ces nouvelles modalités et propositions sont déjà là. A ce titre, la crise actuelle les amplifie et c’est une très bonne nouvelle.

La résilience

Après la sidération de l’annonce du confinement mi-mars, nous nous sommes petit à petit installés dans de nouveaux espaces de temps et de lieu, cherchant à nous adapter individuellement et collectivement à la situation.

Les stratégies que nous avons mis en place nous ont permis de développer notre capacité de résistance et de résilience.

Qu’est-ce que la résilience ?
Selon le Larousse « C’est la caractéristique mécanique définissant la résistance aux chocs d’un matériau. (La résilience des métaux, qui varie avec la température, est déterminée en provoquant la rupture par choc d’une éprouvette normalisée.) ». En psychologie, c’est « l’aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques ».

Selon Serge Tisseron, psychiatre et Docteur en psychologie, la crise sanitaire que nous vivons peut être assimilée à une catastrophe qui nous renvoie à notre vulnérabilité et crée un traumatisme.
Nous ne réagissons pas tous de la même façon à la situation selon que nous sommes seuls ou pas, confinés à plusieurs dans un petit appartement en ville ou à la campagne, etc. Nous ne sommes pas tous résilients de la même manière.

Ce confinement crée de l’angoisse (la peur d’être contaminé), une charge mentale importante (gérer le télétravail ou l’incertitude du chômage partiel et les devoirs des enfants) et une perte de lien social (perte des contacts et des rencontres qui nous raccrochent à une communauté).

Dans le processus de résilience, recréer des liens sociaux est une étape essentielle. Elle permet de faire face ensemble. Cela nous ancre dans le présent et c’est important pour reprendre confiance dans l’avenir.

Ainsi Serge Tisseron rappelle qu’applaudir les soignants le soir, c’est important pour les grands mais aussi pour les enfants qui vivent un moment positif consacré à témoigner de la confiance dans le corps médical.
Il est intéressant de voir comment le numérique recrée ces lieux de solidarité et de partage : visio apéro, groupes whatsapp.
Vous avez certainement vu la vidéo du ballet de l’Opéra de Paris ou la symphonie confinée (liens en fin d’article). Ce sont autant d’illustrations de ces liens sociaux qui ont été recrées malgré l’éloignement, de cette nouvelle solidarité qui s’est exprimée.

Serge Tisseron explique également que ces liens sociaux créés au fil du temps par des événements collectifs qui ont rapproché les gens peuvent avoir un impact majeur en cas de catastrophe. En quelque sorte, ils nous préparent à y faire face. Ainsi au Japon lors du tsunami, les villages où existaient ces liens sociaux ont enregistré moins de victimes que ceux où ils n’existaient pas.

Ces liens sociaux sont donc essentiels pour notre résilience individuelle mais qu’en est-il des entreprises ?

Le confinement a éloigné chacun de ses collègues, certains sont en activité, voir en sur-activité et d’autres au chômage partiel. Comment garder le lien et se retrouver ? Une fois de plus au sein de l’entreprise, tout le monde n’aura pas vécu la situation de la même façon.

Comme le rappelle Boris Cyrulnik, Neuropsychiatre et conférencier dans une interview à Courrier Cadres du 20 avril, « En effet, pour tendre vers la résilience et renaître après une crise, une entreprise doit créer un nouveau schéma de développement. Pour cela, il faut que les collaborateurs eux-mêmes entrent dans le processus de résilience. Il appartient donc aux managers, mais aussi aux RH, de soutenir les salariés pendant cette épreuve et au-delà. Ils doivent pouvoir se sentir soutenus, afin de résister à cette situation difficile, et d’accepter ensuite de prendre un nouveau départ. Il s’agit d’organiser des réunions d’explication, des discussions pour faire en sorte que les collaborateurs ne se sentent pas seuls et puissent mettre des mots sur leur traumatisme, voire leur souffrance ».

Dans une période post-confinement de resocialisation mais toujours de distanciation, il va falloir recréer les communautés de personnes qui travaillent ensemble, permettre à chacun de retrouver sa place dans le groupe et de réapprendre le contact.

Article de référence :
http://courriercadres.com/management/conduite-du-changement/boris-cyrulnik-apres-la-crise-du-coronavirus-la-culture-de-la-performance-sera-critiquee-20042020

Vidéos :
https://www.youtube.com/watch?v=rEjvRktXeis

Pourquoi la biodversité est-elle importante?

On entend beaucoup de choses contradictoires sur l’origine du coronavirus. Parmi les hypothèses avancée, il en est une qui a été scientifiquement prouvée dans l’histoire de l’humanité toute récente: l’apparition de ces virus est une conséquence de notre impact sur la biodiversité.

Qu’est-ce que la biodiversité? C’est l’ensemble des espèces vivantes, gènes et écosystème qui interagissent entre eux. Nous, les humains, sommes l’une des espèces de la biodiversité qui existe sur la Terre.

Notre développement et nos modes de vie ont petit à petit empiété sur des territoires vierges habités par des animaux sauvages qui se sont brutalement trouvés exposés aux hommes. Porteurs de zoonose (maladie infectieuse des animaux vertébrés transmissible à l’être humain) ils ont véhiculé de nombreux virus (VIH, Ebola) qui se sont diffusés par la plus grande proximité entre les populations et ces animaux sauvages parfois domestiqués ou consommés.

Défricher des terres pour la culture ou l’élevage, creuser pour extraire des minerais ont bouleversé l’équilibre de la biodiversité et mis en danger les populations locales. L’explosion démographique, les conditions d’hygiène précaires dans certains pays, le boom des transports notamment aériens ont accéléré la diffusion de ces virus à travers le monde: plus vite, plus loin et à plus de personnes.

Préservez la biodiversité par des modes de consommation plus raisonnés et locaux sont des façons très concrètes de protéger les populations locales et nous-mêmes du risque sanitaire de ces pandémies dont le coût économique et social est considérable.

Je vous invite à regarder cette vidéo très didactique qui explique « Comment l’humanité déclenche des pandémies »


https://www.youtube.com/watch?v=O0NUFPT7rag

Comment prendre de la distance face à la médiatisation?

Cette période de confinement permet, à ceux qui le peuvent, de prendre du recul et de se mettre en observateur de la situation que nous vivons. Personnellement, je suis frappée et souvent agacée de voir tout un chacun donner son avis sur ce qui aurait être dû fait, les décisions qu’il fallait prendre, les fameux « y’a qu’à, faut qu’on » de ceux qui parlent mais ne sont jamais ceux qui doivent décider. Il y a ceux qui menacent des comptes qu’il faudra régler après, ceux qui portent plainte contre l’état…. alors évidemment il y a beaucoup de politique dans tout cela mais il y a aussi beaucoup de croyances et convictions dont les fondations sont fragiles, alimentées par les média.

Nous sommes en démocratie et la liberté qu’elle permet est certainement notre bien le plus précieux. Liberté de penser, de dire, d’agir, d’aller et venir…

Les media usent de cette liberté mais peut-être parfois en abusent-ils aussi? Depuis plus d’un mois, comme le rappelait le philosophe André Compte-Sponville dans une interview sur Europe le 19 avril, les TV, radio, presse et autres nous servent du coronavirus en boucle H 24. Chaque jour on décompte le nombre de morts, près de 20 000 à date. C’est évidemment terrible mais il faut mettre cela en perspective des 157 000 décès provoqués par le cancer en 2018 en France. Cette « covid communication » dont nous sommes abreuvés en permanence crée un sentiment de panique et focalise toute notre attention. Il suffit de se souvenir du comportement irrationnel que nous Français avons collectivement eu juste avant le confinement pour dévaliser les rayons des magasins et stocker des kilos de pâtes.
Chaque jour a son lot d’informations et contre-informations, fake news ou pas on ne sait plus trop… Nous découvrons l’incertitude de la situation que nous vivons et nous sommes mal à l’aise avec cette incertitude, elle nous dérange. Nous devenons binaires, c’est blanc ou noir mais pas gris. Que fait le gouvernement? ils nous disent tout puis son contraire? Que décident les politiques, les élections municipales puis des couvres-feu dans certaines villes 8 jours plus tard?

Où est passé notre esprit critique? le vrai, celui qui nous permet de prendre de la distance par rapport à des faits, de quitter le terrain mouvant de l’émotion pour y poser un regard objectif et froid .

J’aimerais partager avec vous la lecture des décisions que nous tous pouvons être amenés à prendre ou jugements que nous pouvons énoncés au regard des biais cognitifs qui peuvent inconsciemment nous influencer.

Je vous invite à prendre une heure, au calme pour écouter cette conférence proposée par Nicolas Lemoine de HEC Paris et animée par le Professeur Olivier Sibony. Elle vous donnera de clés pour décrypter l’information et retrouver votre esprit critique, le vrai!

Dans son exposé, Olivier Sibony met en évidence plusieurs biais:
la probabilité qui rationalise le fait que par peur nous puissions sur-réagir à un risque et donc sur-évaluer ses conséquences alors que ses probabilités réelles d’arriver sont faibles. Ce biais nous invite à ne pas nous affoler pour rien.
le modèle mental qui nous pousse à comparer ce que nous vivons à ce que nous avons déjà vécu, ce qui a influé sur les comportements adoptés par des pays asiatiques qui avait connu le SARS en 2003 et nous en France la grippe A en 2009. Nous avons pensé que ce n’était qu’une grippe (avis porté par le corps médical lui-même encore début mars).
la croissance exponentielle en laquelle on ne veut pas croire car cela nous semble trop énorme.
le biais d’endo-groupe qui nous fait penser que nous sommes différents des autres et que ce qui peut leur arriver ne nous arrivera pas.
l’excès de confiance ou sur-précision qui nous amène à mal estimer l’avenir.
l’imitation qui fait que notre comportement est influencé par celui des autres.

Cette analyse permet de porter un autre regard sur nos comportements, les prises de parole et position des experts, les décisions depuis le début de cette crise.
Pour ma part, elle m’amène à considérer avec distance et humilité de ce que je vois, je lis et j’entends. Cette grille de lecture permet aussi de prendre conscience du rôle de chacun des acteurs : media, politiques, spécialistes; de leurs interactions et conséquences qu’elles peuvent provoquer…. et retrouver, je l’espère, plus d’esprit objectivement critique.

Lien vers la conférence du Professeur Olivier Sibony/HEC:
https://www.youtube.com/watch?v=H6IAOM3Ei2o

Le télétravail, une pratique durable?

S’il est des changements qui ont été radicaux depuis mi mars, c’est bien le télétravail qui s’est imposé aux entreprises et leurs collaborateurs en quelques heures!
Organisé très rapidement, il a fallu faire preuve de souplesse et être créatif. Il est vrai que toutes les sociétés n’y étaient pas forcément préparées, certaines avaient déjà généralisé les PC portables et connexion à distance pour d’autres il a fallu que chacun s’organise au mieux.

Selon une enquête menée par Toluna pour Harris intervactive début avril, les Français ne sont que 39% à penser que leur entreprise était préparée pour faire face à la situation. C’est le score le plus faible, les autres populations sondées se déclarant de 46% satisfaites en Espagne à 71% aux Etats-Unis.

Dans cette période particulière, nous sommes 50% à nous considérer motivés pour donner le meilleur de nous mêmes au travail contre 58% en moyenne sur les autres populations sondées (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Australie, Etats-Unis) et 54% à nous sentir impliqués dans notre entreprise contre 62% en moyenne pour les autres pays.

Après la perte de repères des premiers jours sans ses collègues à côté de soi et son manager à distance, le temps de trouver sa place à la maison entre enfants et conjoint, les télétravailleurs se sont installés dans cette pratique et seraient selon un sondage Deskeo 62% à vouloir continuer au delà du confinement. Même si l’émulation collective manque pour 43% d’entre eux, ils sont 38% à apprécier le gain de temps dans les transports et 27% à pouvoir travailler au calme!

Ce qui est intéressant de constater, c’est que les freins qui pouvaient exister côté employeurs et salariés ont été bousculés par la situation d’urgence. Au final, ce qui semblait impossible l’est devenu même si il reste des points d’équipement à améliorer, des cas particuliers à gérer pour lesquels le télétravail reste plus compliqué.
Cela doit nous inviter à repenser nos habitudes pour la suite! Nous allons tous gagner du temps et être plus efficaces!

Documents de référence:
https://epoka.tilkee.io/v/ed6008150e

Télétravail : 62% des gens voudraient en faire plus après le confinement ! – L’ADN

Le monde d’après???

Je ne sais pas pour vous …. mais moi je m’interroge sur « le Monde d’Après ».
Je lis, j’écoute, j’échange et j’entends tous les avis. Les résignés se disent que de toute façon tout recommencera comme avant, les optimistes ou utopistes. (?) veulent croire à un autre Après.
Je souhaite aujourd’hui juste partager avec vous des réflexions pour cheminer et tenter dans ce brouillard de dessiner ce qui pourrait influer sur ce monde d’après.

Quand on regarde derrière nous, force est de constater que nous avons déjà collectivement vécu de grands traumatismes : les guerres, des pandémies, des crises économiques, le terrorisme qui ont créé des mouvements de solidarité forts. Les attentats terroristes qui ont frappé notre pays en 2015 nous ont rassemblé quelles soient notre couleur de peau, notre religion, nos convictions politiques, notre parcours personnel… nous avons tous comme un seul être été Charlie et avons salué les forces de l’ordre en première ligne pour nous protéger et nous défendre. Quelques années plus tard, la situation a bien changé….
Aujourd’hui, tous les jours à 20h nous applaudissons tous les soignants. Nous nous trouvons un sens commun. La lutte contre ce virus est devenu notre projet collectif dans une société qui n’en a plus.
C’est bien mais qu’est-ce que cela va changer pour demain?

Isabelle Stenger, philosophe, déclare dans une interview à RTBF le 21 mars  » Il va falloir prendre des responsabilités et se réapproprier le pouvoir de penser l’avenir. Mais on a souvent dit après la crise de 2008 que les choses ne seraient plus jamais comme avant et on a aussi vu que tout est redevenu la même chose« .
Nous ne savons ni quand ni comment nous allons sortir de ce confinement qui a arrêté nos vies. Mais nous savons déjà que le réveil sera très douloureux et que le retour à une vie « normale » sera long. Mais qu’est ce qu’une vie normale???

Voyons quels sont les faits:
Le chômage explose en France. La prolongation du confinement va mettre notre économie sous tension même si après ces premières semaines certaines entreprises se sont adaptées pour reprendre une activité partielle, d’autres restent complètement à l’arrêt.
C’est une énorme crise sociale qui se dessine et qui risque de laisser un grand nombre de personnes dans une situation critique.

– Cette crise sanitaire nous fait prendre conscience de la nécessité de notre souveraineté nationale et européenne dans des secteurs prioritaires comme la santé, l’alimentation, l’éducation et l’énergie.

Comme le rappelle Guillaume Durand dans Alternatives Economiques du 7 avril :

« Il y a, derrière la mondialisation, une logique économique de base qui n’est pas (seulement) celle du grand capital : concevoir des produits et les fabriquer pour 7 milliards d’êtres humains, cela permet de les vendre (nettement) moins cher que de le faire pour seulement 66 millions de Français. Et c’est d’autant plus vrai que la mise au point et la production de ces biens est intensive en investissements matériels (machines) et immatériels (R&D). Pour cette raison, il y aurait de fortes chances pour qu’un monde vraiment « démondialisé » soit aussi un monde où les gens seraient – presque tous – plus pauvres. C’est pourquoi il ne faut pas confondre relocalisation de l’économie – indispensable en effet dans de nombreux secteurs – et « démondialisation ». L’enjeu, c’est plutôt de réussir à relocaliser la production et discipliner les multinationales, sans forcément fermer les frontières ».

La démondialisation n’est certainement pas la panacée mais un retour sur des secteurs prioritaires à plus de proximité semble faire consensus mais pas n’importe comment. C’est l’opportunité de changer méthodes et process pour être plus économes en ressources et respectueux de notre environnement . Hubert Védrinne expose cette vision dans le blog de Pierre Ratcliffe :

« Il faudra aussi tout écologiser: agriculture, agro-industries, industries (y compris chimiques), transports, construction, énergie, modes de calculs macroéconomiques (type PIB). Cela conduira à rerégionaliser davantage les courants économiques. À rendre la production et l’économie circulaires (plus de recyclage, moins de déchets). Cela mènera à une mutation en dix ou quinze ans de l’agriculture et de l’agro-industrie. À une révolution dans les transports, et dans d’autres domaines. Tout cela a commencé, dans les pays les plus avancés, mais va devoir être accéléré et généralisé ».

Crise économique, crise sociale, crise écologique (climat, biodiversité), crise culturelle… tout cela est lié.
Quel sens commun allons-nous savoir créer? Quelles nouvelles solidarités peuvent émerger? Quelles nouvelles coopérations entre les états peuvent se mettre en place? Quel rôle voulons-nous jouer individuellement? Quel collectif sommes-nous capable d’accepter même si tout le monde ne bouge? Quelles opportunités allons nous savoir saisir? Sommes-nous prêts à penser différemment? A quoi sommes-nous prêts à renoncer?
Je n’ai pas les réponses à ces questions. Je me les pose comme vous certainement. Mais ce en quoi je crois, c’est que « Ce sont les petits ruisseaux qui font de grandes rivières ».

Articles de références :

https://www.rtbf.be/lapremiere/emissions/detail_dans-quel-monde-on-vit/accueil/article_cynthia-fleury-apres-la-crise-du-coronavirus-il-faudra-combattre-ceux-qui-vous-diront-qu-il-faudra-continuer-comme-avant?id=10467447&programId=8524

https://www.alternatives-economiques.fr/guillaume-duval/attention-aux-illusions-de-demondialisation/00092376

http://pierreratcliffe.blogspot.com/2020/03/hubert-vedrine-le-choc-du-coronavirus.html

Quels comportements d’achat d’aujourd’hui pourraient perdurer demain?

Le confinement nous contraint à faire évoluer nos comportements d’achat. Nous nous adaptons à la situation et découvrons voir redécouvrons de nouvelles façons d’acheter.

Parmi toutes les tendances, celle qui existait déjà avant et se confirme fortement: c est bien la digitalisation du commerce. Au delà des sites marchands déjà établis et connus de tous, ce qui est intéressant c’est de relever les initiatives locales en région qui proposent un service online de commerces locaux. Que ce soit sous l’égide des villes ou des commerces eux-mêmes, elles font basculer dans le monde digital des activités de proximité qui historiquement n’avaient pas forcément réussi à intégrer le digital comme un levier à part entière.

Par crainte de propagation du virus, le paiement sans contact se développe auprès de toutes les générations. Cette technologie face à laquelle certains étaient méfiants, car moins sécurisée, s’impose et fait tomber les derniers freins à son adoption. La question qui se pose déjà c’est de remonter la valeur éligible…

L’opportunité du digital permet aussi de proposer de nouveaux services et c’est certainement une adaptation majeure qui pourrait perdurer et qui offre des modes de consommation que nous n’osions pas ou que nous avions oubliés : téléconsultation avec son médecin traitant, livraison à domicile par des bénévoles (en peer to peer), point de livraison sur RV pour plusieurs clients comme les points de livraison de fruits et légumes, camion de livraison du boulanger ou boucher qui vient au plus près de ses clients comme autrefois… au delà du drive qui a connu un franc succès.

La crise actuelle incite à un retour au local. Faire appel au maraîcher proche de chez soi qui peut livrer à domicile semble par les temps présents être une préoccupation comme une prise de conscience… C’est ce qui peut aussi être attendu de mes commerces habituels en termes d’approvisionnement notamment sur l’alimentaire.
Cette recherche de proximité se traduit également dans la création de lien avec les autres : se retrouver tous les jours à 20h pour saluer l’engagement des soignants, se connecter à ses proches via des visio apéro, téléphoner tout simplement à ses amis et à sa famille et venir en aide à mes voisins ou des aînés isolés.

Digitalisation, paiement sans contact, services, retour au local, création de lien pour une autre relation…. sont des comportements d’achat qui se sont imposés depuis le début de cette crise et qui vont certainement nous accompagner durablement….

Articles de références à découvrir


https://www.ifop.com/publication/les-5-piliers-de-marques-a-repenser-de-toute-urgence-pour-aujourdhui-et-apres/

Ce printemps 2020 comme une renaissance?

Cette année le printemps reprend ses droits. Confinement oblige, nos déplacements sont limités. Soudain le ciel s’éclaircit, l’air semble plus pur, les bruits s’estompent, nous sommes surpris d’entendre les oiseaux! La planète respire mieux, la nature reprend sa place.

Est-ce un effet bénéfique de cette crise sanitaire? Certainement à court terme, elle offre un répit au climat et à la nature.
Toutefois, il est intéressant de comprendre que cette pandémie trouve son origine dans notre gestion de la biodiversité et du climat qui sont très étroitement liés.

Un article de Philippe Grandcolas et Jean-Lou Justine du Museum d’Histoire Naturelle paru dans Sciences & Vie le 28 mars rappellent que 100 milliards d’hectares de forêt tropicale ont été détruits entre 1980 et 2000, mettant des populations en contact avec des animaux sauvages qui vivaient cantonnés dans ces espaces préservés, et avec eux de nouveaux agents pathogènes. Le commerce de ces animaux exotiques qui s’est développé a fait voyager des agents à travers le monde.
Les auteurs précisent que  » plus des deux tiers des maladies émergentes sont des zoonoses, c’est-à-dire des maladies dont le réservoir de l’agent infectieux est un animal ; parmi ces zoonoses, la majorité provient d’animaux sauvages ».

C’est la raison pour laquelle l’OMS a lancé la démarche « One Health ».
Cette approche « Un Monde, Une Santé » a pour objectif d’organiser les ressources politiques, législatives et de recherche autour de trois piliers: la sécurité sanitaire des aliments, la lutte contre les zoonoses et de la lutte contre la résistance aux antibiotiques. La finalité est évidemment de remettre la biodiversité au coeur de cet écosystème afin qu’elle soit prise en compte de façon cohérente et raisonnée.

Ce qui se passe à travers le monde actuellement, et notamment dans les pays du Nord, doit nous amener enfin à repenser ce qui se passe dans les pays du Sud. Cela pose pour ces pays la question de pérennité et santé de leur économie, basée sur quels actifs? Où commence le bien d’un état et le bien commun de l’humanité? Quel juste prix chacun doit payer pour préserver un bien commun pour l’humanité?

.Ces questions sont importantes car pour une fois face à la « guerre » que nous menons l’Humain a été mis au premier plan. Comme le précise Boris Cyrulnik dans La Provence Santé du 30 mars  » Maintenant, on considère que la personne est une valeur prioritaire. Les femmes et les hommes ne veulent plus se soumettre aux guerres. Mais cette nouvelle culture qui valorise l’individu est aussi à la source de la catastrophe. C’est au nom de la performance qu’on a développé des formes d’élevage intensif qui favorisent la naissance de virus. La course technologique, aux transports, le commerce international, la globalisation ont, ensuite, permis l’extension du virus sur toute la planète« .

On voit apparaître une nouvelle hiérarchie des valeurs morales qui va challenger notre modèle établi. Nous sommes nombreux à nous demander comment sera notre monde APRES. Il y a ceux qui pensent que rien ne changera et que la vie reprendra comme avant car les politiques, le « système » ne sauront pas ou ne voudront pas le faire changer. Parce que spontanément, nous nous tournerons vers les recettes connues, celles qui nous sont familières et qui sont nos repères sans savoir si elles sont adaptées à cette nouvelle situation.

Et puis, il y a ceux qui se disent que des choses doivent changer, qu’on ne peut pas fermer les yeux sur cette réalité, que chacun est acteur et doit contribuer car la société c’est nous tous. C’est ce que pense Boris Cyrulnik «  À chaque épidémie, ou catastrophe naturelle, il y a eu changement culturel. Après le trauma, on est obligé de découvrir de nouvelles règles, de nouvelles manières de vivre ensemble « .
Quelle sera la place du local? Quel prix accepterons-nous de payer pour cela? Comment prioriserons-nous nos besoins à satisfaire? Comment cela impactera-t-il notre modèle économique? Quelle valeur serons-nous en mesure de créer différemment?….. Pour réflexion….

Articles de référence à découvrir:
https://www.science-et-vie.com/paroles-d-experts/covid-19-ou-la-pandemie-dune-biodiversite-maltraitee-55073
https://www.who.int/features/qa/one-health/fr/
https://www.laprovence.com/article/edition-marseille/5947700/boris-cyrulnik-il-y-aura-des-transformations-profondes.html