A quelques jours du déconfinement, quel est l’état d’esprit des Français ?

48eme jour de confinement, 8 français sur 10 sont inquiets, comme le rappelle Bernard Sananes, du cabinet Etudes et Conseil Elabe dans le postcast « Si c’était mieux après ? » du 3 mai.

Nous étions déjà 2/3 à déclarer être inquiets au moment du confinement et nous le restons car le déconfinement va nous exposer.

La dramatisation du discours du Président de la République mi-mars nous a collectivement fait prendre conscience de la gravité de la situation. Après cette prise de parole, notre inquiétude est montée de 25pts selon Bernard Sananes. C’est la raison pour laquelle ce confinement, qui nous a imposé une perte de notre liberté, a bénéficié d’une acceptabilité sociale forte. C’est encore le cas pour les mesures de déconfinement (sauf pour l’école) car nous restons inquiets et avons peur.

Il faut comprendre que cette inquiétude s’exprime sur le terreau de la défiance vis-à-vis de l’action publique  et du pessimisme qui nous caractérisent. La confiance que nous accordons aux politiques pour gérer cette crise est dépendante de nos sympathies politiques. Elle est aussi influencée par la qualité et la transparence de la communication, exercice très compliqué dans la situation actuelle.
A ce titre, le sujet des masques cristallise incompréhension et inquiétude. L’opinion a été choquée que les soignants n’aient pas les moyens de se protéger et à ce jour encore une très grande majorité des Français ne croient pas en la capacité du gouvernement de permettre à chacun de s’en procurer pour le 11 mai.
La polémique qui vient juste de naître sur le sujet à l’encontre de la grande distribution en est bien l’exemple. Le message a été confus et toutes les suspicions même mes plus infondées s’expriment.
A ce titre, je vous recommande la réponse Michel-Edouard Leclerc , à découvrir ci-après : https://www.youtube.com/watch?v=yk2H3s_IKIg

Cette inquiétude est aussi liée à la crise économique et sociale qui est devant nous. Les mesures mises en place par le gouvernement avec le chômage partiel et les aides aux entreprises permettent à court terme d’amortir le choc de cette sanitaire. Mais comme l’indique Philippe Moati de l’Obsoco dans une interview à France Culture le 11 avril, 30% des sondés déclarent souffrir d’une baisse de leurs revenus.

Il faut se souvenir qu’au moment du mouvement des gilets jaunes 82% de l’opinion pensait que notre société était injuste (Bernard Sananes – Cabinet Elabe). Les inégalités risquent de s’amplifier avec ce que nous vivons et créer un déséquilibre plus grand entre un désir d’achat et une capacité d’achat.

C’est l’avis de Philippe Moati qui voit se dessiner une société encore plus clivée : « D’autant plus si la crise économique est violente et s’installe dans la durée. On risque alors d’assister à l’exacerbation de la tension entre un vouloir d’achat et un pouvoir d’achat qui ne sont pas au diapason. C’est exactement ce qui avait provoqué le mouvement des « gilets jaunes ». Personnellement, je pense que cette crise va accélérer la division de la société en deux parts pas du tout égales : ceux qui vont vouloir accélérer la transition vers autre chose et ceux qui ont hâte de retrouver le monde d’avant, avec toutes les frustrations que cela risque d’engendrer, frustrations qui seront causées par la crise économique et ses conséquences sur les plus modestes ».

Dans ce contexte, difficile de savoir ce que sera « le monde d’Après », certainement ni complètement le monde dit d’Avant, ni complètement un nouveau monde.

La réalité va s’imposer à nous pour à la fois relancer notre économie mais aussi la repenser.
L’enjeu va être pour chacun citoyen, acteur politique, publique et économique de nous redéfinir un projet de société commun et partagé. C’est un challenge important dans un pays où nous attendons tout et trop de l’état. Cette crise a démontré que la mobilisation des collectivités territoriales, des entreprises, des Français aux côtés des pouvoirs publics est nécessaire. Mais cela va donc impliquer de nouveaux modes de collaboration. Des initiatives ont déjà émergé dans le monde privé et dans l’espace publique basées sur l’intelligence collective. Pour réussir cela, nous allons devoir ensemble imaginer une nouvelle gouvernance.

Sources :
https://podcast.ausha.co/resilience/33-bernard-sananes-cabinet-d-etudes-et-conseil-elabe

https://www.franceculture.fr/societe/consommation-le-covid-19-accentue-des-clivages-qui-laissent-presager-des-troubles-sociaux-a-venir


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